Au moins sept personnes ont été tuées le 21 octobre en Guinée-Bissau, pays instable miné par le trafic de drogue et qui a connu de nombreux coups d'État, dans l'attaque ratée par un commando d'une caserne d'une unité d'élite de l'armée.
Les assaillants étaient dirigés par le capitaine Pansau N'Tchama, lui-même
membre de cette unité d'élite. Pansau N'Tchama était le chef du commando qui
avait assassiné en 2009 le président de la République Joao Bernardo Vieira.
Le groupe d'hommes armés a tenté vers 04h00 (GMT et locales) de prendre
d'assaut la caserne des "Bérets rouges", unité d'élite de l'armée de
terre, près de l'aéroport de Bissau, la capitale. L'attaque, qui intervient six
mois après un coup d'Etat militaire le 12 avril, a été repoussée après environ
une heure d'échanges de coups de feu.
Les assaillants, dont le nombre reste encore inconnu, ont ensuite pris la
fuite, selon des témoins. Ils sont activement recherchés par l'armée placée en
état d'alerte, selon une source militaire.
Le chef d'état-major de l'armée, le général Antonio Indjai, auteur du coup
d'Etat du 12 avril, s'est rendu à la caserne attaquée dont les alentours ont
été bouclés, de même que le QG de l'armée situé dans le centre de Bissau.
Un journaliste de l'AFP a vu dans la caserne les corps de six des
assaillants, criblés de balles, baignant dans des mares de sang.
Le septième mort est une sentinelle en position devant la caserne, tuée par
le capitaine N'Tchama, qui lui a ensuite pris son arme, a affirmé à l'AFP une
autre sentinelle qui a eu la vie sauve et a formellement reconnu le capitaine
N'Tchama.
Lui-même membre des "Bérets rouges", le capitaine N'Tchama est
rentré la semaine dernière du Portugal où il était en formation militaire
depuis juillet 2009, selon des sources sécuritaires. Il était déjà le chef d'un
commando qui avait assassiné le président Vieira en mars 2009 quelques heures
après l'assassinat du chef d'état-major des forces armées Batista Tagmé Na
Waie.
Aucune information n'était dans un premier temps disponible sur les raisons
qui ont poussé le capitaine N'Tchama à mener cet assaut. Ce capitaine est un
ancien proche de dirigeants renversés le 12 avril. Par ailleurs la promotion de
certains militaires a récemment suscité la colère de ceux qui n'ont pas été
promus, selon des observateurs.
Petit pays pauvre à l'instabilité chronique, dont l'histoire est jalonnée
par la violence politico-militaire depuis son indépendance du Portugal en 1974
après une guerre de libération, la Guinée-Bissau a de nouveau été secouée par
un coup d'Etat militaire le 12 avril, entre les deux tours d'une élection
présidentielle.
Son instabilité a transformé ce pays en plaque tournante du trafic de
drogue entre l'Amérique du Sud et l'Europe ces dernières années. Des militaires
de haut rang sont soupçonnés d'être impliqués dans ce narco-trafic.
Après le dernier coup d'Etat, les putschistes ont rendu le pouvoir à des hommes
politiques avec lesquels ils ont signé un accord pour la mise en place
d'autorités de transition, dirigées par le président Manuel Serifo Nhamadjo.
La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), à
laquelle appartient la Guinée-Bissau, avait condamné le coup d'Etat, avant
d'entériner l'accord entre militaires putschistes et politiques.
La Cédéao a levé ses sanctions imposées après le coup d'Etat à la Guinée
Bissau, mais le pays, où des élections générales doivent être organisées en
2013, reste "sous surveillance" de ses voisins.
Les dirigeants renversés du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée
et du Cap-Vert ont refusé de reconnaître le nouveau régime et nombre d'entre
eux, parmi lesquels l'ex-Premier ministre Carlos Gomes Junior, vivent en exil.
Après ce putsch, l'Union européenne, principal partenaire de Bissau, avait
suspendu son aide et imposé des sanctions contre plusieurs personnalités
militaires, dont le général Indjai.
En dépit de cet isolement, le président Nhamadjo a appelé fin septembre la
communauté internationale à le soutenir dans la lutte contre le trafic de
drogue et pour organiser des élections en 2013.
Sources : AFP/Jeune Afrique
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