12 février 2013

ACTU : La Corée du Nord a procédé à son troisième essai nucléaire

David ROY

La Corée du Nord a procédé le 12 février à son troisième essai nucléaire, d’une puissance bien supérieure aux deux précédents et avec un engin miniaturisé selon ses dires, un acte de défiance condamné par la communauté internationale. «Un troisième essai nucléaire a été mené avec succès», a annoncé l’agence officielle KCNA. «Ce test nucléaire de haut niveau, avait, contrairement à ceux du passé, plus de puissance explosive et a utilisé un engin miniaturisé et plus léger».

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a condamné l’essai, qu’il a qualifié de «profondément déstabilisateur». «C’est une violation claire et grave des résolutions du Conseil de sécurité», a-t-il indiqué selon son porte-parole Martin Nesirky. Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunira en urgence le 12 février à 9 heures (15 heures, heure française), pour examiner la façon de réagir à ce test, qui contrevient aux résolutions de l’ONU.

Les voisins de la Corée du Nord - Japon et Corée du Sud - ont eux aussi vivement critiqué l’action de Pyongyang. Un diplomate à l’ONU a estimé, sous le couvert de l’anonymat, que le geste des Nord-Coréens était «un vrai défi lancé aux Chinois». Pékin, seul allié de poids de Pyongyang, avait prié son voisin communiste de ne pas effectuer un troisième essai nucléaire. Selon ce diplomate, Pékin, Moscou et Washington se sont concertés depuis quelques jours et «vont rapidement s’entendre sur le fait qu’une action ferme s’impose».

L’utilisation d’un engin miniaturisé est source d’inquiétude pour les puissances internationales, car elle laisse entendre que Pyongyang maîtrise désormais la délicate technologie permettant de fabriquer une bombe suffisamment petite pour être fixée sur une ogive. Jusqu'à présent, l’incertitude demeurait sur la capacité du régime communiste à développer une tête nucléaire pour missile à longue portée.

Si Pyongyang est effectivement parvenu à mettre au point une bombe miniaturisée, la donne serait radicalement changée. D’autant que le Nord a réussi début décembre 2012 à envoyer dans l’espace une fusée, progrès significatif dans sa technologie balistique. Le ministère sud-coréen de la Défense estime entre 6 et 7 kilotonnes la puissance de l’explosion du 12 février, contre seulement un kilotonne pour le test de 2006, et entre deux et six pour celui de 2009. A titre de comparaison, la bombe atomique larguée par les Américains sur Hiroshima était de 15 kilotonnes.

Pour l’organisation du traité d’interdiction complète des essais nucléaires (CTBTO), basée à Vienne, le test de Pyongyang constitue «une menace claire» pour la sécurité internationale. Le Nord a précisé avoir mené ce test «dans le cadre de mesures visant à protéger notre sécurité nationale et (notre) souveraineté contre l’hostilité incessante des Etats-Unis, qui ont violé le droit de notre république à mener des lancements pacifiques de satellites», selon un communiqué de KCNA.

Pyongyang avait prévenu fin janvier 2013 qu’il entendait procéder à un nouvel essai nucléaire. Le Nord avait indiqué prévoir cet essai en réponse aux sanctions élargies de l’ONU après le lancement d’une fusée, début décembre 2012, considérée par Washington comme un missile balistique. Fait rare, la Chine avait mis en garde son voisin, dont elle est le seul allié de poids, contre un troisième essai nucléaire.

Source : AFP/Libération



A LIRE : 


Jean-Marie COLLIN, « Essai nucléaire nord-coréen », Défense et géopolitique, 12 février 2013

Depuis plusieurs semaines, la Corée du nord multiplie les annonces de l’imminence d’un essai nucléaire… Ce n’était pas du bluff !

Surveillance mondiale: Les stations d’écoute et de surveillance de l’Agence internationale de l’énergie Atomique (AIEA) ont détecté cette nuit du 12 février 2013, un évènement sismique en Corée du nord, laissant penser à la réalisation d’un essai nucléaire : « un signal sismique capté par notre système de surveillance à 2h57.51 GMT ce matin était d’une amplitude de 4,9 sur l’échelle de Richter ». Cette suspicion a été confirmée rapidement, puisque ce pays a reconnu avoir réalisé un tel essai. Ces stations sont réparties sur l’ensemble de la planète et devraient être au nombre de 337 lorsqu’elles seront toutes actives (85% sont en place aujourd’hui).

La Corée du nord a donc réalisé son troisième essai nucléaire. Celui-ci a été qualifié de succès (comme les deux précédents) : « ce test nucléaire de haut niveau, avait, contrairement à ceux du passé, plus de puissance explosive et a utilisé un engin miniaturisé et plus léger ». Cet engin « miniaturisé et plus léger » laisserait entendre une forte accélération du programme nucléaire. En effet, savoir faire exploser un dispositif nucléaire, est une chose, mais cette charge peut, en terme de poids et de dimension être importante. Par exemple Fat Man, l’arme nucléaire qui détruisit Nagasaki avait une longueur de 3,5 m, un diamètre de 165 cm et un poids de 5,4 tonnes ! Il est donc nécessaire de rendre cette charge plus petite, tout en conservant la même puissance de destruction. Un savoir-faire qui serait donc maîtrisé par cet Etat et qui induit désormais – là est le danger – que la Corée du nord va disposer de missiles porteurs d’ogive nucléaire.

C’est donc un total de 3 essais nucléaires que ce pays a réalisé, mais le premier depuis l’accession de Kim Jong Un. Le premier fut réalisé le 9 octobre 2006, le deuxième le 25 mai 2009. Dans l’attente des retours d’information et d’autres analyses, Pyongyang a, sans nul doute, qualifié définitivement sa force de dissuasion nucléaire.

Provocations : Sans aucun doute, en réaction aux nouvelles sanctions qui sont survenues suite aux différents essais de « fusées » (que l’on traduit par missiles pour la communauté internationale…). Selon l’agence de presse officielle nord-coréenne, cet essai avait pour but de « protéger la sécurité nationale et la souveraineté du pays contre l’hostilité continue des Etats-Unis ».

Le Conseil de sécurité de l’ONU va se réunir en urgence ce 12 février à 9 heures (USA) pour examiner la façon de réagir à ce test.
Pour Ban Ki-moon, cet essai est  « profondément déstabilisateur » et représente « une violation claire et grave des résolutions du Conseil de sécurité ».
Pour sa part, Tibor Toth a déclaré que cet essai nucléaire « constitue une menace manifeste pour la paix et la sécurité internationale. Je suis gravement préoccupé par cette action, qui mérite une condamnation universelle ».

183 Etats, soit l’immense majorité de la communauté internationale ont signé le traité d’interdiction complète des essais nucléaires. 159 de ces Etats ont ratifié ce traité. Le Tchad vient, le 11 février 2013, de ratifier ce traité. Le précédent Etat à avoir fait cette démarche était le Brunei.

Pour entrer en vigueur, c’est-à-dire avoir une reconnaissance juridique internationale, il est obligatoire qu’il soit ratifié par 44 Etats. Ils sont en effet tous détenteurs d’installations nucléaires civiles et considérés comme étant en mesure de se doter rapidement d’un arsenal nucléaire. À ce jour, il manque encore la ratification obligatoire de 8 de ces Etats : Chine, Egypte, Israël, Iran, Etats-Unis, Inde, Pakistan, Corée du nord.

Changement : Lassina Zerbo (qui est géophysicien) sera le prochain secrétaire général de l`Organisation du Traité pour l`interdiction des essais nucléaires (CTBTO). Il  remplacera le hongrois Tibor Toth  et prendra ses fonctions le 1 août 2013.




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