18 avril 2014

ACTU : Accord diplomatique pour une résolution de la crise en Ukraine et saisine de la CPI

Catherine MAIA
   
Après plus d'un mois de troubles dans l'est de l'Ukraine, le 17 avril, une réunion diplomatique au plus haut niveau à Genève, en présence de la Russie, de l'Ukraine, des Etats-Unis et de l'Union européenne, a abouti à un accord sur les étapes pour une désescalade de la crise.

Le document prévoit :
  • Le désarmement des groupes armés illégaux actuellement actifs en Ukraine et l'évacuation des bâtiments occupés. Selon Kiev, ces hommes armés, qui sont présents dans une dizaine de villes de la région, sont des soldats des forces spéciales russes venus de Crimée, ce que le président russe, Vladimir Poutine, a de nouveau démenti lors d'un discours, le 17 avril.
  • La fin des « actions violentes, d'actes d'intimidation ou d'actions provocatrices » menés par l'ensemble des participants. Le 17 avril, une fusillade avec la police locale a fait trois morts et treize blessés chez les manifestants pro-russes dans la ville de Marioupol.
  • Une amnistie doit être accordée aux manifestants pro-russes qui ont participé à l'insurrection, à l'exception de ceux qui se sont rendus coupables de crimes.

La mission de surveillance de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) sera chargée d'aider les autorités ukrainiennes à mettre en œuvre ces mesures.

Le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, présent au sommet, a assuré que les quatre Parties s'efforceront d'établir un large dialogue national afin d'assurer la protection des droits des citoyens ukrainiens. Aucun détail n'a été donné sur la façon dont ce dialogue s'articulera avec l'élection présidentielle ukrainienne prévue le 25 mai, et que Moscou considère comme illégitime.

Les Russes insistent sur le fait que l'Ukraine est « au bord de la guerre civile » et prônent une révision de la Constitution qui donnerait plus d'autonomie aux régions russophones de l'Est. M. Lavrov a insisté sur le fait que la Russie n'avait aucun désir d'envoyer des troupes en Ukraine.

Tout en se félicitant de la conclusion de l'accord, Washington a tenu à rester prudent. Le président américain, Barack Obama, a indiqué n'avoir aucune certitude que l'accord sera appliqué, et rappelé que de nouvelles sanctions seraient mises en place s'il n'y avait pas d'avancées.

Le président français, François Hollande, a renchéri, prévenant que l'Union européenne (UE) envisageait elle aussi d'étoffer ses sanctions en cas d'échec de cet accord.

La diplomate en chef de l'UE, Catherine Ashton, a quant à elle, assuré que Bruxelles « allait continuer ses efforts pour soutenir l'Ukraine, économiquement, financièrement et politiquement ».

Peu après l'annonce de l'accord, les séparatistes pro-russes occupant le siège du Gouvernement local dans la ville de Donetsk ont déclaré qu'ils ne quitteraient pas les lieux tant que les partisans de Kiev ne lèveraient pas leur camp à « Maïdan », la place de l'Indépendance dans le centre de la capitale.

Le jour même de l'adoption de l'accord diplomatique, le 17 avril, le greffier de la Cour pénale internationale (CPI), Herman von Hebel, a reçu une déclaration déposée par l'Ukraine acceptant la compétence de la CPI pour des crimes qui auraient été commis sur son territoire du 21 novembre 2013 au 22 février 2014. Cette déclaration a été déposée en vertu de l'article 12 §3 du Statut de Rome, le traité fondateur de la CPI, qui permet à un Etat qui n'est pas Partie au Statut d'accepter l'exercice de la compétence de la Cour.

Le greffier a informé le Gouvernement ukrainien des effets de cette déclaration conformément au cadre juridique de la CPI, à savoir que la Cour a désormais compétence au regard des possibles crimes qui auraient pu être commis dans le contexte de la situation mentionnée ci-dessus et que les dispositions du chapitre IX du Statut de Rome relatif à la coopération internationale et à l'assistance judiciaire s'appliquent. La déclaration a été transmise au Bureau du Procureur de la CPI pour sa considération.

L'acceptation de la compétence de la CPI ne déclenche cependant pas automatiquement une enquête. Il revient désormais au Procureur de la CPI de décider si oui ou non elle demandera l'autorisation des juges pour ouvrir une enquête, si le Procureur conclut qu'il y a une base raisonnable pour ouvrir une enquête, selon les informations à sa disposition. Si une enquête est ouverte, c'est aussi au Procureur de décider, sur la base des preuves recueillies, de demander, ou non, aux juges de la CPI de délivrer des mandats d'arrêt ou des citations à comparaître pour les personnes suspectées d'avoir commis des crimes relevant de la compétence de la CPI.


Sources : AFP/AP/Reuters/Le Monde/CPI

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