Constatant que la situation en République
centrafricaine (RCA) constitue une menace pour la paix et la sécurité
internationales dans la région, le Conseil de sécurité a décidé, le 10 avril, de
créer la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la
stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), qui devient ainsi la
neuvième opération de maintien de la paix de l’ONU présente en Afrique.
À compter du 15 septembre 2014, qui sera la
date du transfert de responsabilités de la Mission internationale de soutien à
la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA) à la MINUSCA, cette dernière
devra comprendre initialement des effectifs de 10 000 militaires et
de 1 800 policiers, a décidé le Conseil, entérinant ainsi les recommandations du Secrétaire général.
À six mois de cette échéance, la Résolution
demande donc aux États Membres de fournir des contingents et du personnel de
police dotés des capacités et de l’équipement nécessaires pour aider cette
nouvelle mission de maintien de la paix à bien fonctionner et s’acquitter de
ses responsabilités.
Le Ministre des Affaires étrangères de la
RCA, M. Toussaint Kongo-Doudou, s’est réjoui de l’adoption de cette Résolution,
tout en souhaitant voir la MISCA renforcée à hauteur de 3 000 hommes,
« en prélude » au déploiement de la MINUSCA.
Cette demande de la RCA intervient alors que
le représentant du Tchad, M. Mahamat Zene Cherif, a confirmé que son pays
avait décidé de retirer le contingent qu’il avait déployé au sein de la MISCA
du fait des accusations portées par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux
droits de l’Homme contre les soldats tchadiens et du fait de la « campagne
médiatique particulièrement malveillante » dont le Tchad aurait été la
cible. Il a toutefois plaidé pour un appui logistique et financier à la
MISCA et le déploiement d’unités de police et de gendarme dans les centres
urbains, expliquant que le Tchad resterait mobilisé auprès de la Centrafrique.
Aux termes de la Résolution adoptée le 10 juillet,
agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, le Conseil
autorise la MINUSCA à utiliser « tous les moyens nécessaires » pour
accomplir son mandat. Ses tâches prioritaires seront la protection des
civils, avec une attention particulière portée aux femmes et aux enfants
touchés par le conflit armé qui sévit dans le pays; l’appui à la mise en œuvre
de la transition, y compris en faveur de l’extension de l’autorité de l’État
centrafricain et du maintien de l’intégrité territoriale du pays; et la
facilitation de l’acheminement de l’aide humanitaire, dont ont cruellement
besoin plus de 760 000 déplacés, sans compter les
300 000 Centrafricains réfugiés dans les pays voisins.
Le Conseil charge également la MINUSCA de
surveiller et prévenir les violations du droit international humanitaire et des
droits de l’Homme, perpétrés notamment par différents groupes armés, dont les
anciens éléments de la Séléka et les « antibalaka ».
Lors d’une visite surprise en RCA le 5
avril, le Secrétaire général de l’ONU avait affirmé que
l’« épuration ethno-religieuse » était une réalité dans ce
pays. « Musulmans et chrétiens sont exposés à un danger mortel du
simple fait de leur appartenance à une communauté ou de leur croyance »,
avait-il assuré.
Dans son rapport en
date du 3 mars dernier, M. Ban Ki-moon notait que la dimension interreligieuse
et intercommunautaire du conflit en RCA avait émergé après les pillages et les
atrocités commises par les Séléka et ex-Séléka, dont les effectifs étaient
principalement formés de musulmans, ce qui a donné lieu à la naissance des
milices antibalaka.
« Or, la communauté internationale n’a
compris que trop tard que le processus de désarmement des éléments Séléka avait
changé l’équilibre des forces sur le terrain et que les antibalaka devenaient
« un nouveau monstre », constitué de jeunes frustrés, d’éléments
criminels, et d’anciens soldats et miliciens, partisans du Président déchu
Bozizé, et dont l’objectif principal devenait « la vengeance et les
pillages ».
La MINUSCA est mandatée pour prêter un appui
aux autorités de transition afin d’arrêter et traduire en justice les auteurs
de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis dans le pays, en
coopérant avec les États de la région et la Cour pénale internationale (CPI).
Elle devra en outre aider les autorités de
transition à élaborer et mettre en œuvre une stratégie révisée de désarmement,
démobilisation, réintégration et rapatriement des ex-combattants et éléments
armés « pour traduire les nouvelles réalités sur le terrain ».
Conscient que la lourde responsabilité de
protéger la population civile revient en dernière instance aux autorités de
transition, le Ministre centrafricain des affaires étrangères s’est demandé
comment y parvenir « sans forces de défense et de sécurité », ni
équipements en armes en raison de l’embargo.
M. Toussaint Kongo-Doudou a donc réitéré le
vœu de son Gouvernement que soient allégées les sanctions en place, « afin
de pouvoir équiper nos forces qui seront formées, encadrées et correctement
identifiées et ce, en coopération avec la communauté internationale ».
Source : ONU
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