11 avril 2014

ACTU : Le Conseil de sécurité décide la création d'une mission de maintien de la paix en Centrafrique

David ROY

Constatant que la situation en République centrafricaine (RCA) constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales dans la région, le Conseil de sécurité a décidé, le 10 avril, de créer la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), qui devient ainsi la neuvième opération de maintien de la paix de l’ONU présente en Afrique.

L’adoption, à l’unanimité des 15 membres du Conseil, de la Résolution 2149 (2014), porte création immédiate de la MINUSCA « pour une période initiale venant à expiration le 30 avril 2015 ». Établi en 2009, le Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en République centrafricaine (BINUCA) est intégré à la Mission.

À compter du 15 septembre 2014, qui sera la date du transfert de responsabilités de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA) à la MINUSCA, cette dernière devra comprendre initialement des effectifs de 10 000 militaires et de 1 800 policiers, a décidé le Conseil, entérinant ainsi les recommandations du Secrétaire général.

À six mois de cette échéance, la Résolution demande donc aux États Membres de fournir des contingents et du personnel de police dotés des capacités et de l’équipement nécessaires pour aider cette nouvelle mission de maintien de la paix à bien fonctionner et s’acquitter de ses responsabilités.

Le Ministre des Affaires étrangères de la RCA, M. Toussaint Kongo-Doudou, s’est réjoui de l’adoption de cette Résolution, tout en souhaitant voir la MISCA renforcée à hauteur de 3 000 hommes, « en prélude » au déploiement de la MINUSCA.

Cette demande de la RCA intervient alors que le représentant du Tchad, M. Mahamat Zene Cherif, a confirmé que son pays avait décidé de retirer le contingent qu’il avait déployé au sein de la MISCA du fait des accusations portées par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme contre les soldats tchadiens et du fait de la « campagne médiatique particulièrement malveillante » dont le Tchad aurait été la cible. Il a toutefois plaidé pour un appui logistique et financier à la MISCA et le déploiement d’unités de police et de gendarme dans les centres urbains, expliquant que le Tchad resterait mobilisé auprès de la Centrafrique.

Aux termes de la Résolution adoptée le 10 juillet, agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, le Conseil autorise la MINUSCA à utiliser « tous les moyens nécessaires » pour accomplir son mandat. Ses tâches prioritaires seront la protection des civils, avec une attention particulière portée aux femmes et aux enfants touchés par le conflit armé qui sévit dans le pays; l’appui à la mise en œuvre de la transition, y compris en faveur de l’extension de l’autorité de l’État centrafricain et du maintien de l’intégrité territoriale du pays; et la facilitation de l’acheminement de l’aide humanitaire, dont ont cruellement besoin plus de 760 000 déplacés, sans compter les 300 000 Centrafricains réfugiés dans les pays voisins.

Le Conseil charge également la MINUSCA de surveiller et prévenir les violations du droit international humanitaire et des droits de l’Homme, perpétrés notamment par différents groupes armés, dont les anciens éléments de la Séléka et les « antibalaka ».

Lors d’une visite surprise en RCA le 5 avril, le Secrétaire général de l’ONU avait affirmé que l’« épuration ethno-religieuse » était une réalité dans ce pays. « Musulmans et chrétiens sont exposés à un danger mortel du simple fait de leur appartenance à une communauté ou de leur croyance », avait-il assuré.

Dans son rapport en date du 3 mars dernier, M. Ban Ki-moon notait que la dimension interreligieuse et intercommunautaire du conflit en RCA avait émergé après les pillages et les atrocités commises par les Séléka et ex-Séléka, dont les effectifs étaient principalement formés de musulmans, ce qui a donné lieu à la naissance des milices antibalaka.

« Or, la communauté internationale n’a compris que trop tard que le processus de désarmement des éléments Séléka avait changé l’équilibre des forces sur le terrain et que les antibalaka devenaient « un nouveau monstre », constitué de jeunes frustrés, d’éléments criminels, et d’anciens soldats et miliciens, partisans du Président déchu Bozizé, et dont l’objectif principal devenait « la vengeance et les pillages ».

La MINUSCA est mandatée pour prêter un appui aux autorités de transition afin d’arrêter et traduire en justice les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis dans le pays, en coopérant avec les États de la région et la Cour pénale internationale (CPI).

Elle devra en outre aider les autorités de transition à élaborer et mettre en œuvre une stratégie révisée de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement des ex-combattants et éléments armés « pour traduire les nouvelles réalités sur le terrain ».

Conscient que la lourde responsabilité de protéger la population civile revient en dernière instance aux autorités de transition, le Ministre centrafricain des affaires étrangères s’est demandé comment y parvenir « sans forces de défense et de sécurité », ni équipements en armes en raison de l’embargo.

M. Toussaint Kongo-Doudou a donc réitéré le vœu de son Gouvernement que soient allégées les sanctions en place, « afin de pouvoir équiper nos forces qui seront formées, encadrées et correctement identifiées et ce, en coopération avec la communauté internationale ».

Source : ONU

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