Catherine MAIA
Le Comité spécial chargé de la décolonisation a achevé, le 27 juin,
les travaux de sa session annuelle, en se prononçant en particulier sur les
questions de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie française.
Il a ainsi recommandé (A/AC.109/2014/L.12) à
l’Assemblée générale d’engager « vivement » toutes les parties
concernées à « poursuivre leur dialogue, dans le cadre de l’Accord de
Nouméa ».
Aux termes de l’Accord de Nouméa de 1998, la France s’engage à transférer
certains pouvoirs au Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie d’ici à 2018, date à
laquelle un référendum devra être organisé sur le transfert des compétences
régaliennes, l’accès à un statut international de pleine responsabilité et l’organisation
de la citoyenneté par nationalité.
Si l’Assemblée générale suit les recommandations du Comité spécial, elle
considèrerait que « des mesures appropriées pour l’organisation des
consultations futures sur la pleine souveraineté, y compris l’établissement de
listes électorales crédibles, justes et transparentes, comme prévu par l’Accord
de Nouméa, sont indispensables à l’acte libre et véritable d’autodétermination
conforme aux principes et pratiques de l’Organisation des Nations Unies ».
Le représentant de la Sierra Leone a présenté le rapport (A/AC.109/2014/20/Rev.1) de
la mission de visite des Nations Unies en Nouvelle-Calédonie, qui a eu lieu du
10 au 15 mars 2014, dans le but d’y vérifier l’état du processus
d’autodétermination.
La mission, dans ce rapport, estime que la situation actuelle en
Nouvelle-Calédonie est « extrêmement fragile » et qu’il importe
d’établir un « dialogue constructif entre tous les acteurs afin d’aboutir
à un accord, de préserver la paix et de promouvoir un « destin
commun » et que « toutes les parties impliquées veillent à
l’application intégrale de l’Accord de Nouméa ».
Le Président du Congrès de la Nouvelle-Calédonie s’est félicité de la
persistance d’un climat de paix qui a, selon lui, permis un développement
économique et un progrès social que beaucoup de pays de la région envient à la
Nouvelle-Calédonie.
En revanche, le chef du Groupe Union calédonienne (UC)-Front de libération
nationale kanak et socialiste (FLNKS) au Congrès de la Nouvelle-Calédonie a
notamment déploré le fait que la Puissance administrante mettait en
place ses propres règles du jeu, particulièrement sur le droit de vote, en
renforçant la partie opposée à l’indépendance face au peuple kanak.
« Qu’il s’agisse de la tromperie liée à la liste électorale spéciale
ou du manque voire de l’absence de formation des cadres locaux en prévision du
transfert des compétences, le calendrier et la mise en œuvre de l’Accord de
Nouméa ne sont pas respectés », a déclaré pour sa part un représentant du
FLNKS.
La délégation française a, elle, estimé que le processus lancé par l’Accord
de Nouméa devait « se poursuivre jusqu’à son terme afin de permettre le
plein exercice de souveraineté des Calédoniens pour déterminer leur destin
commun ».
Le Comité spécial a aussi recommandé (A/AC.109/2014/L.16) à l’Assemblée générale de prier la France,
Puissance administrante, d’« intensifier son dialogue avec la
Polynésie française afin de favoriser la mise en place rapide d’un processus
d’autodétermination équitable et effectif, dans le cadre duquel seront arrêtés
le calendrier et les modalités de l’adoption d’un acte
d’autodétermination ».
Selon un pétitionnaire de l’Union pour la démocratie (UPLD), « le statu quo colonial qui régit le système électoral
actuel en Polynésie française, unilatéralement façonné par la Puissance administrante en vue d’accommoder ses intérêts coloniaux d’une
perspective de décolonisation, ne correspond pas à un processus véritablement
équitable d’autodétermination ».
Le pétitionnaire est intervenu après que le Président du Comité spécial a
regretté que « la Puissance administrante ne soit pas
là ». Aux termes des recommandations du Comité, l’Assemblée devrait
d’ailleurs déplorer que la Puissance administrante n’ait pas donné
suite à la demande qui lui avait été faite de soumettre au sujet de la
Polynésie française les renseignements visés à l’alinéa e de
l’Article 73 de la Charte, à savoir des informations relatives aux
conditions socioéconomiques du territoire.
Par ailleurs, le Comité a invité (A/AC.109/2014/L.15) l’Assemblée
générale à prendre « acte de la décision prise en 2008 par
le Fonogénéral de différer l’examen de toute action future visant
l’autodétermination et de renouveler les efforts et l’attention apportés par la
Nouvelle-Zélande et les Tokélaou à l’amélioration et à la
consolidation des services essentiels et de l’infrastructure des atolls ».
Enfin, avant de conclure sa session, le Comité spécial a adopté son rapport consacré
aux décisions concernant les questions d’organisation (A/AC.109/2014/L.14).
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