Catherine MAIA
Dans « une unanimité retrouvée » comme l’a dit la représentante
du Luxembourg, coauteur de la Résolution 2165 (2014) adoptée le 14 juillet, le
Conseil de sécurité a ouvert quatre postes frontière en Syrie et créé un mécanisme
de surveillance pour superviser le chargement, dans les installations de l’ONU
concernées, de tous les envois de secours humanitaires des organismes
humanitaires des Nations Unies et de leurs partenaires, en vue de leur passage
en Syrie. C’est « prenant note de l’avis du Secrétaire général de
l’ONU selon lequel le refus arbitraire d’autoriser l’ouverture de tous les
postes frontière constitue un acte de non-respect des dispositions de la Résolution 2139 (2014) », que le
Conseil a décidé de créer ce mécanisme de surveillance et de le déployer dans
les brefs délais.
Aux termes de la résolution, un mécanisme de surveillance, placé sous
l’autorité du Secrétaire général, est constitué pour superviser, avec
l’assentiment des pays voisins de la Syrie concernés, le chargement dans les
installations de l’ONU de tous les envois de secours humanitaires, de même que toute
inspection subséquente des envois par les autorités douanières des pays
voisins, en vue de leur passage en Syrie aux quatre postes frontière ci-dessus
mentionnés. Le mécanisme doit aussi adresser les notifications de l’ONU aux
autorités syriennes confirmant le caractère humanitaire de ces envois de
secours.
« La résolution a ouvert quatre points de passage sans que le régime
syrien n’ait à approuver l’accès humanitaire », s’est réjouie la
représentante des États-Unis après l’adoption du texte. Pour sa part, le
représentant de la Fédération de Russie a estimé que « l’adoption de cette
résolution a montré que des compromis sont possibles au Conseil de sécurité et
que le Gouvernement syrien a déjà pris des mesures pour améliorer l’accès
humanitaire aux populations qui ont besoin d’assistance ». Le
mécanisme de surveillance devra faire la preuve de son efficacité, et la
résolution devra être appliquée par toutes les parties, y compris les groupes
armés de l’opposition, a souligné le représentant.
Les mesures prises arriveront à expiration 180 jours à compter du 14
juillet, le Conseil devant procéder à leur réexamen. Aux termes du
texte adopté, le Conseil de sécurité prévient qu’en cas de non-respect par
toute partie syrienne de la présente résolution ou de la résolution 2139 (2014), il
prendra des mesures supplémentaires.
Dans leurs interventions, certains membres du Conseil de sécurité ont
évoqué l’alinéa 4 du préambule de la Résolution qui constate la nette et rapide
détérioration de la situation humanitaire, en particulier le fait que le nombre
de personnes ayant besoin d’une assistance du fait du conflit en Syrie a
dépassé les 10 millions, dont 6,4 millions de déplacés et plus de 4,5 millions
vivant dans des zones difficiles d’accès, et que plus de 240 000 personnes
sont piégées dans les zones assiégées.
Cette Résolution ne complète ni ne remplace la Résolution 2139, dont toutes
les exigences demeurent d’actualité, a dit le représentant de la France,
accusant entre autres le régime syrien de continuer d’utiliser des barils
d’explosifs. Son homologue de la Syrie a argué de la collaboration de son Gouvernement
avec les agences humanitaires, avant d’imputer la détérioration de la situation
à la multiplication des actes terroristes, dont ceux commis par des groupes
affiliés à Al-Qaida. Mettre un terme au terrorisme est la seule manière de
mettre fin aux souffrances du peuple syrien, a-t-il dit, en demandant que des
pressions soient exercées sur ceux qui financent, abritent ou entraînent les
terroristes, dont l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie. En français,
le représentant a attiré l’attention du Conseil sur un article paru en France
sur le thème « pourquoi on s’est trompé sur la Syrie ? ». C’est
par ignorance historique, par manichéisme politique et par un « wishful thinking »
diplomatique, a-t-il répondu à cette question.
Même si on parvenait à obtenir tous les fonds nécessaires et que l’aide
parvenait aux populations dans le besoin, l’impact du conflit en Syrie
continuerait de se manifester par la propagation des idéologies extrémistes et
du terrorisme dans toute la région et au-delà, comme en témoignent les jeunes
qui viennent de tous les coins de la planète pour combattre en Syrie, a quant à
elle estimé la représentante de l’Argentine. On ne pourra pas contenir ce
phénomène si la crise n’est pas réglée, a-t-elle insisté.
La Résolution réaffirme, en effet, que la seule solution durable à la crise
actuelle en Syrie passe par un processus politique sans exclusive, dirigé par
les Syriens eux-mêmes, et devant aboutir à la pleine mise en œuvre du Communiqué
de Genève du 30 juin 2012. Toutes les délégations ont exprimé leur appui
au nouvel Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, M. Staffan de Mistura.
Source : ONU
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