Ce Commentaire du Pacte de la Société des Nations a un double but. En premier lieu, d’assurer l’information la plus complète et la plus à jour possible sur l’ensemble de l’expérience de la SDN, notamment dans ses aspects juridiques. Le Pacte est le texte fondateur du phénomène de l’organisation internationale au XXe siècle. C’est à ce titre qu’aucune recherche et qu’aucune prise de position approfondies en la matière ne peuvent s’abstraire de ce point de départ de 1919.
En second lieu, la Charte des Nations Unies, texte fondamental de l’organisation politique mondiale actuelle, s’oriente au Pacte de la SDN, tant quand elle en prolonge les linéaments que quand elle cherche au contraire une rupture. Comprendre la Charte, dans son texte de 1945, largement inaltéré à ce jour, suppose dès lors toujours de connaître le Pacte.
Cet ouvrage se destine ainsi à être à la fois un instrument d’information et une invitation à l’exploration des voies du passé dans ce qu’elles ont de fécond pour la compréhension de l’avenir. Pour arriver à ces buts, le présent Commentaire se compose de contributions expliquant les diverses dispositions du Pacte, mais aussi de contributions transversales, s’attachant à tel ou tel aspect de portée plus générale, important dans la vie de la SDN comme dans celle des Nations Unies.
TABLE DES MATIERES
Liste des abréviations
Sommaire
Avant-propos / Markus Schmidt
Introduction / Robert Kolb
Les travaux préparatoires / Florian Couveinhes-Matsumoto
Préambule / Antonios Tzanakopoulos
Article 1 / Nigel D. White
Article 2 / Massimo Starita
Article 3 / Louis Balmond
Article 4 / Louis Balmond
Article 5 / Giulio Bartolini
Article 6 / Vincent Chétail et Géraldine Ruiz
Article 7 / Vittorio Mainetti et Martin Denis
Article 8 et 9 / Emmanuel Bourdoncle
Article 10 / Agatha Verdebout
Article 11 / Robert Kolb
Article 12 / Sylvain Vité
Article 13 / Sylvain Vité
Article 14 / Karin Oellers-Frahm
Article 15 / Robert Kolb
Article 16 / Olivier Corten et Anne Lagerwall
Article 17 / Pierre d'Argent
Article 18 / Vittorio Mainetti et Martin Denis
Article 19 / Luigi Crema
Article 20 / Emmanuelle Wyatt
Article 21 / Laurence Boisson de Chazournes et Vassilis Pergantis
Article 22 / Giovanni Distefano
Article 23 / Gleider I. Hernandez
zArticle 24 / Gleider I. Hernandez
Article 25 / François Bugnion
Article 26 / Pierre d'Argent
Les documents du Secrétariat et de la Section d'Information de la Société des Nations / Bernardine Pejovic
Militer pour la paix : du rêve à l'illusion ! Opinion publique et Société des Nations en France et au Royaume-Uni / Christian Birebent
La personnalité juridique de la Société des Nations / Pierre Klein
L'organisation économique et financière / Yann Decorzant
La Société des Nations, la santé et l'environnement / Makane Moïse Mbengue
La protection des minorités / Giorgio Conetti
L'administration directe de territoires dans la pratique de la Société des Nations / Ivan Ingravallo
La Société des Nations et la résolution pacifique des différends : règles, normes et pratiques / Mattias Schulz
La légitime défense des Etats au XIXe siècle et pendant l'époque de la Société des Nations / Robert Kolb
De la S.d.N. à l'O.N.U. en matière de maintien de la paix / Robert Kolb
Bibliographie générale sur la Société des Nations
L'ouvrage rassemble les contributions de
Pierre d’Argent, Louis Balmond, Giulio Bartolini, Christian Birebent, Laurence Boisson de Chazournes, François Bugnion, Emmanuel Bourdoncle, Vincent Chetail, Giorgio Conetti, Olivier Corten, Florian Couveinhes-Matsumoto, Luigi Crema, Yann Decorzant, Martin Denis, Giovanni Distefano, Gleider I Hernández, Ivan Ingravallo, Pierre Klein, Robert Kolb, Anne Lagerwall, Vittorio Mainetti, Makane Moïse Mbengue, Karin Oellers-Frahm, Bernardine Pejovic, Vassilis Pergantis, Géraldine Ruiz, Markus Schmidt, Matthias Schulz, Massimo Starita, Antonios Tzanakopoulos, Agatha Verdebout, Sylvain Vité, Nigel D. White et Emmanuelle Wyatt.
AVANT-PROPOS
Markus SCHMIDT (Conseiller juridique principal, Office des
Nations Unies à Genève)
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Pacte de la Société des Nations, en 2014, pourrait paraître une idée quelque
peu saugrenue, l’institution dont il devait être le principal texte de gouvernance
ayant cessé d’exister depuis plus de 70 ans, et les activités de la Société des
Nations ayant souvent – trop souvent – été considérées comme des « échecs ».
Le soussigné, fonctionnaire
des Nations Unies depuis près de trente années, et praticien du droit des
organisations internationales, ne partage pas l’avis selon lequel la Société
des Nations a été une faillite, et ses programmes et activités un échec
retentissant. Bien au contraire, nous sommes de l’avis que la S.d.N. et son
Pacte peuvent, aujourd’hui, clairement inspirer la fonction publique
internationale actuelle. Prenons l’exemple du serment professionnel de
l’Organisation des Nations Unies, qui se lit comme suit : « Je fais la
déclaration et la promesse solennelles d’exercer en toute loyauté, discrétion
et conscience les fonctions qui m’ont été confiées en qualité de fonctionnaire
international de l’Organisation des Nations Unies, de m’acquitter de ces
fonctions et de régler ma conduite en ayant en vue exclusivement les intérêts
de l’Organisation, sans solliciter ni accepter d’instructions d’aucun
gouvernement ou autre autorité extérieure à l’Organisation, en ce qui concerne
l’accomplissement de mes devoirs ». Ce serment a été repris verbatim du temps
de la Société des Nations, et l’auteur continue à en tirer une inspiration
personnelle. Dans le même esprit, l’article 100 de la Charte des Nations Unies
est également une émanation directe de l’expérience de la S.d.N.
Il convient par ailleurs de
noter que l’organisation administrative interne du Secrétariat de la S.d.N. a
largement inspiré les rédacteurs de la Charte des Nations Unies, dont plusieurs
dispositions concernant l’organisation interne du Secrétariat des Nations Unies
s’inspirent de la pratique de la S.d.N., dont l’expérience a démontré
l’efficacité d’un secrétariat véritablement international.
L’expérience de la S.d.N.
demeure également une source d’inspiration pour tout étudiant en relations
internationales contemporaines. Pour ces mêmes étudiants, comme pour le
praticien actuel du droit international, les archives de la Société des Nations
demeurent un puits d’informations sans égal, non seulement sur la S.d.N.
elle-même, mais également sur les relations internationales et les mouvements
pacifistes survenus depuis la fin du XIXe siècle. Leur inscription au Registre
de la Mémoire du Monde de l’UNESCO paraît alors plus que légitime. Mentionnons
également que de plus en plus de gouvernements retrouvent un intérêt bien
particulier à la S.d.N. dans l’étude de leur histoire, ce qui, dans un passé
récent, a poussé certains de ces gouvernements et/ou institutions à conclure
des accords avec la Bibliothèque de l’Office des Nations Unies à Genève,
laquelle abrite les archives de la S.d.N., avec pour objectif de préserver, de
digitaliser ou de mettre en valeur les archives et documents historiques les
concernant.
Sur le plan politique, force
est de constater que la S.d.N. a enregistré de francs succès au cours des
premières années de son existence, au nombre desquels la résolution de divers
différends ; celui entre la Suède et la Finlande au sujet des îles Âland en
1921, celui entre l’Allemagne et la Pologne au sujet de la Silésie, ou encore
le différend frontalier entre la Grèce et la Bulgarie. La mise en œuvre des
Traités de Locarno qui lui a été confiée en octobre 1925 en est un autre ; ces
Traités marquèrent le début de la réconciliation franco-allemande. Mais malgré
ces succès, la S.d.N. n’a pu empêcher l’invasion de la Mandchourie par le
Japon, ni même l’annexion de l’Éthiopie par l’Italie en 1936, ou celle de
l’Autriche par l’Allemagne hitlérienne en 1938.
Cet échec de la S.d.N. –
essentiellement politique – dans sa mission d’assurer une sécurité collective
de par le monde ne devrait cependant pas nous faire oublier ses succès,
notamment dans un autre domaine, celui de la coopération technique internationale.
Car sous l’égide de la S.d.N., de nombreuses conférences, réunions de comités
intergouvernementaux et réunions d’experts ont eu lieu à Genève, sur des sujets
aussi divers que la santé, les affaires sociales, le transport et les
communications, ou encore les affaires économiques et financières. Cet
important investissement a été récompensé par la ratification de dizaines de
conventions par les États membres de la S.d.N., dont un bon nombre sont
toujours en vigueur aujourd’hui. N’oublions pas non plus le travail sans
précédent mené au bénéfice des réfugiés dès 1920, sous l’égide du Norvégien
Fridtjof Nansen, figure emblématique de l’actuel Haut Commissariat aux Réfugiés.
L’analyse des activités, des
succès et des échecs de la S.d.N., peut s’avérer très utile dans le contexte de
discussions sur une réforme du système de l’Organisation des Nations, réforme
que prônent aujourd’hui de nombreux hommes d’État, mais également de hauts
fonctionnaires du système onusien. Un commentaire sur le Pacte de la S.d.N. qui
en analyserait les dispositions ne saurait qu’enrichir ces discussions. Car il
s’agit bien là de la nécessité de réformer l’ONU, et non de lui trouver un
substitut. Et de conclure en reprenant les mots d’un ancien premier ministre
français au cours d’une récente allocution : « Pour fabriquer une organisation
internationale, il faut au moins une guerre mondiale. C’est cher. On en aura eu
deux. [c.-à-d. la S.d.N. puis l’ONU]. [Autant admettre] de garder [cette
dernière], dans quelque état qu’elle soit, [...] d’élargir sa jurisprudence,
[...] d’élargir son processus de décision, [...] de réfléchir avec cet outil
unique au monde ».
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