Catherine MAIA
L’année 2014 fut très chargée pour le Conseil
de sécurité qui a tenu un nombre record de séances: l’Afrique et le
Moyen-Orient, mais aussi l’Europe, avec la crise en Ukraine, ont constitué une large part de ses activités. De même, ses 15 membres
se sont-ils attachés à renforcer son efficacité dans la lutte antiterroriste,
la prévention des conflits, la protection des civils et l’utilisation de
sanctions et d’autres outils dans de multiples domaines.
S’agissant des situations spécifiques
nationales ou régionales, environ 55% des réunions du Conseil ont porté sur
l’Afrique, contre 75% l’année précédente. L’Europe, en raison de la crise
politique en Ukraine, qui s’était transformée en conflit à part entière dans
l’est du pays, fut l’objet de 28% des séances du Conseil.
L’Afrique est demeurée ainsi une source
d’attention primordiale, la situation au Soudan, notamment au Darfour, et au
Soudan du Sud, plongé dans une guerre civile qui a coûté plusieurs milliers de
vies humaines et entraîné le déplacement de centaines de milliers de personnes,
ayant à elle seule été examinée dans une vingtaine de séances publiques.
Le Conseil a su, de même, montrer son unité
sur une crise d’une ampleur exceptionnelle en qualifiant, pour la première fois
de son histoire, une épidémie – Ebola – de « menace à la paix et à la sécurité internationales ».
Pour répondre à la dégradation de la sécurité
et des droits de l’Homme en République centrafricaine, liée aux crimes
perpétrés par d’anciens éléments de la Séléka et des éléments
« antibalaka », le Conseil de sécurité a créé la Mission
multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en
République centrafricaine (MINUSCA).
Ses membres se sont rendus au Mali où, dans la
partie nord, l’opération de maintien de la paix en cours a été la cible de
nombreuses attaques. Ils ont traité des événements en Libye, où les
divisions profondes entre les factions politiques ont atteint en 2014 leur
paroxysme, plongeant à nouveau le pays dans un état de guerre civile.
Le Conseil a, par ailleurs, eu les yeux rivés
sur le Moyen-Orient, en particulier sur le conflit israélo-palestinien. L’espoir d’un règlement de ce long conflit, sur la base d’une solution à deux
États, a sombré dans le chaos des violences sur le terrain entre Israël et le
Hamas et du bombardement de Gaza pendant plus de 50 jours au cours de l’été.
Les centaines de milliers de morts en Syrie et
l’absence d’évolution politique ont conduit le Conseil à dépasser ses propres
divisions sur ce conflit et à prendre des mesures relatives à l’aspect
humanitaire. Il a également mis en place un régime de sanctions au Yémen,
sous la forme de gel d’avoirs financiers ou d’interdictions de voyager contre
des personnes qui compromettent la réussite de la transition politique.
En Asie, la situation en République populaire
démocratique de Corée (RPDC) s’est ajoutée à son ordre du jour en dehors de la
question de la non-prolifération nucléaire après un rapport accablant sur les
droits de l’Homme adressé par l’Assemblée générale, qui l’avait exhorté à
saisir la Cour pénale internationale (CPI).
Au sujet de l’Afghanistan, le Conseil a piloté
la fin de la transition vers un contrôle national du secteur de la sécurité,
sur fond d’une augmentation des attaques meurtrières des insurgés.
En se penchant sur l’ensemble de ces questions
et sur des dizaines d’autres, le Conseil de sécurité a adopté, en 2014, au
total 63 résolutions, soit 16 de plus qu’en 2013, et a publié 28 déclarations
présidentielles, contre 22 l’année précédente.
Comme à son habitude, il s’est efforcé
d’aboutir à un consensus sur les décisions prises. Seuls trois textes sur
la Bosnie-Herzégovine, la Somalie et le Tribunal pénal international pour
l’ex-Yougoslavie (TPIY) n’ont pas recueilli l’unanimité.
En toute fin d’année, un projet de résolution
appelant à mettre un terme à l’occupation israélienne des territoires
palestiniens et préconisant de parvenir d’ici à 12 mois à une « solution
pacifique juste, durable et globale » au Moyen-Orient, n’a pas obtenu la
majorité requise.
L’adoption de deux autres textes – l’un visant
à dénoncer la validité d’un référendum sur le statut juridique de la Crimée
organisé le lendemain dans cette région, le second proposant de saisir la CPI
de la situation en République arabe syrienne depuis mars 2011 – a été bloquée en
raison du veto de la Fédération de Russie, laquelle s’était associée à la Chine
concernant la Syrie.
Dans l’objectif d’améliorer l’efficacité et la
transparence de ses activités, le Conseil a réinstauré au mois de juillet, pour
la première fois depuis 2005, le principe de réunions mensuelles où chaque
membre dresse un bilan des travaux accomplis. Il s’est aussi attaché à
examiner les moyens de renforcer l’efficacité des régimes de sanctions des
Nations Unies à travers une meilleure coordination des parties prenantes et une
plus grande intégration.
D’une manière générale, les questions
thématiques, générales et transversales ont continué d’être une priorité du
Conseil, l’accent étant mis en particulier en 2014 sur la prévention des
conflits. Ce fut l’esprit de la mission que ses membres ont effectuée en
Europe, où ils ont notamment commémoré le centième anniversaire du
déclenchement de la Première Guerre mondiale, puis au Soudan du Sud, où le
mandat de la mission de maintien de la paix a été ajusté afin de mieux protéger
les civils cherchant refuge dans les bases de l’ONU.
L’adaptation du Conseil de sécurité à
l’évolution des défis dans les domaines des opérations de maintien de la paix
des Nations Unies, de la protection et de l’autonomisation des femmes, des
enfants et d’autres civils dans le contexte de déplacements massifs, du
terrorisme de plus en plus menaçant avec, en particulier la montée en puissance
de groupes tels que l’« État islamique d’Iraq et du Levant », le
« Front el-Nosra », « Boko Haram » ou d’autres entités
associées à Al-Qaida, a été au centre de plusieurs débats.
En dehors de la MINUSCA, le Conseil n’a
autorisé aucune nouvelle opération de maintien de la paix en 2014, mais il a
mis un terme à quatre missions politiques spéciales: les bureaux de
consolidation de la paix en République centrafricaine (BINUCA), au Burundi
(BNUB), en Sierra Leone (BINUCSIL) et la Mission conjointe de l’Organisation
pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et de l’ONU chargée du
démantèlement du programme d’armes chimiques de la République arabe syrienne.
En octobre, l’Assemblée générale a élu
l’Angola, l’Espagne, la Malaisie, la Nouvelle-Zélande et le Venezuela comme
nouveaux membres non permanents du Conseil de sécurité pour un mandat de deux
ans à compter du 1er janvier 2015. Ils ont remplacé l’Argentine, l’Australie,
le Luxembourg, la République de Corée et le Rwanda, dont le mandat a pris fin
le 31 décembre 2014. Le Chili, la Jordanie, la Lituanie, le Nigéria et le
Tchad termineront leur mandat à la fin de 2015. La Chine, les États-Unis,
la Fédération de Russie, la France et le Royaume-Uni sont membres permanents du
Conseil de sécurité.
Source : ONU. De plus amples informations sur les travaux du
Conseil en 2014 et des comptes rendus plus détaillés des séances mentionnées
sont disponibles à l’adresse suivante: http://www.un.org/fr/sc/meetings/records/2014.shtml.
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