5 août 2016

ACTU : Des pressions diplomatiques au cœur du désarmement nucléaire

Jean-Marie COLLIN

À la veille du 71e anniversaire des bombardements nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki, ce 5 août 2016, le Groupe de travail sur le désarmement nucléaire va se réunir pour sa troisième et dernière session à l’ONU (Genève). Cette session, qui sera cruciale pour un futur sans armes nucléaires, donnera lieu à n’en pas douter à des batailles diplomatiques.

Conformément au vote, en 2015, par 138 États à l’Assemblée générale de l’ONU de la Résolution A/RES/70/33, « Faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire », les diplomaties du monde entier se sont réunies cette année au cours de 2 sessions (février et mai), à Genève, dans le cadre d’un Groupe de travail sur le désarmement nucléaire (OEWG).

Cette dernière session qui s’ouvre en ce mois d’août 2016, doit permettre d’établir un rapport contenant des recommandations, qui sera transmis à l’Assemblée générale. Le président de l’OEWG, l’ambassadeur thaïlandais Thani Thongphakdi, vient de publier le « Draft Zero », c’est-à-dire, un premier document qui reprend et synthétise les argumentaires et les positions des différents États pour établir le rapport définitif, après d’ultimes négociations.

Au vu des interventions et des documents déposés par de très nombreuses représentations diplomatiques, la majorité des États veut un instrument juridique interdisant les armes nucléaires. Actuellement, le « Draft Zero » souligne ce fait et recommande que les négociations d’un tel instrument débutent dès 2017. Si le Draft devait rester en l’état, cela donnerait une légitimité forte pour lancer ce processus à l'Assemblée générale en octobre 2016. Toutefois, la possibilité de voir publier un rapport avec un langage assez faible sur le désarmement nucléaire et ne contenant pas cette recommandation existe.

En effet, un petit nombre d'États (appartenant à l’OTAN et sous parapluie nucléaire américain) est opposé à cette volonté de voir interdire cette arme de destruction massive ; alors que c’est déjà le cas des armes biologiques et chimiques. Ces États, qui bénéficient ou usent directement de la dissuasion nucléaire, affirment « compter » sur les armes nucléaires pour leur sécurité nationale, feignant d’ignorer les risques et les menaces humanitaires que ces armes font peser sur le monde, des conséquences décrites lors des 3 conférences sur l’impact humanitaire des armes nucléaires qui se sont déroulées en Norvège (2013), au Mexique et en Autriche (2014).

C’est donc bien une bataille diplomatique qui va s’engager et cela, jusqu’au dernier jour de cette session, le 24 août, entre les partisans de la bombe et ceux qui s’y opposent ; entre les « grands » et les « petits » États. Enfin, en coulisse, les États dotés – qui ont refusé de prendre part à ce processus – vont, eux aussi, multiplier les rencontres auprès de différentes diplomaties pour exercer des pressions de différentes natures…



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