21 décembre 2017

ACTU : L’Assemblée générale de l'ONU déclare sans effet juridique toute décision visant à modifier le caractère de la ville de Jérusalem

Catherine MAIA

L'Assemblée générale de l'ONU a adopté, au cours d’une session extraordinaire d’urgence le 21 décembre, la 
Résolution A/ES-10/L.22 exigeant que tous les États membres « respectent les résolutions du Conseil de sécurité concernant Jérusalem et s'abstiennent de reconnaître les actions et les mesures qui y sont contraires ».

Adopté par 128 voix pour, 9 contre (dont celles des États-Unis et d’Israël) et 35 abstentions, le texte déplore « au plus haut point » les récentes décisions relatives au statut de Jérusalem. Le 6 décembre dernier, les États-Unis ont reconnu la ville sainte comme capitale d'Israël et annoncé leur volonté d'y transférer leur ambassade depuis Tel-Aviv.

Dans sa résolution, l'Assemblée générale « affirme que toute décision ou action qui visent à modifier le caractère, le statut ou la composition démographique de la ville sainte de Jérusalem n’ont aucun effet juridique, sont nulles et non avenues ».

Le 18 décembre, un projet de résolution qui aurait invalidé toute « décision unilatérale » sur Jérusalem a été soumis au Conseil de sécurité et a été rejeté en raison du véto des États-Unis. À la suite de ce rejet, le Yémen et la Turquie ont décidé de porter la question du statut de la ville sainte devant l'Assemblée générale.

La session extraordinaire, a expliqué le représentant du Yémen qui a présenté la résolution, a été demandée par le Groupe des États arabes et l’Organisation de la coopération islamique (OCI), conformément à la résolution 8221 de la Ligue des États arabes adoptée à la session extraordinaire le 9 décembre au Caire et à celle de l’OCI adoptée le 13 décembre au sommet extraordinaire d’Istanbul. La session a aussi été demandée par le Mouvement des pays non alignés, a indiqué le représentant du Venezuela.  

Approuvé par la majorité des membres de l'Assemblée générale, le texte demande à tous les États de « s'abstenir » d'établir des missions diplomatiques dans la ville sainte, conformément à la Résolution 478 du Conseil de sécurité adoptée en 1980. « Jérusalem est une question qui relève du statut final et qui doit être réglée par la voie de la négociation, comme le prévoient les résolutions pertinentes des organes de l'Organisation des Nations Unies », rappelle l'Assemblée.

Confirmant la décision prise par son pays le 6 décembre dernier, d’installer son ambassade à Jérusalem, la représentante américaine a prévenu que les États-Unis se souviendront de ce jour où ils ont été la cible des attaques de cette Assemblée générale : « Nous nous en souviendrons quand on nous demandera de faire la plus grande contribution au budget de l’ONU. Nous avons l’obligation de demander un meilleur retour sur investissement ».

Penser que les votes et la dignité des États membres sont à vendre échappe à toute éthique, a commenté le ministre des Affaires étrangères de la Turquie, qui a dénoncé une attitude « inacceptable ».  M. Mevlüt Çavuşoğlu s’est voulu clair : nous ne nous laisserons pas intimider.  Ce n’est pas parce que vous êtes forts que vous avez forcément raison, a-t-il martelé devant « ce moment critique de l’Histoire ».

L’Assemblée générale a le droit d’assumer ses responsabilités face au danger que représente la position américaine, a renchéri le ministre des Affaires étrangères de l’État de Palestine, M. Riad Al-Malki.  Nous sommes ici « non par animosité », mais pour dénoncer une décision qui constitue une agression contre le droit du peuple palestinien et toutes les religions, s’est expliqué le ministre. Qui cette décision sert-elle ?  Elle sert Israël, a-t-il répondu, en arguant qu’Al-Qods est « le carrefour des religions », qu’elle appartient au monde. 

Jérusalem est le lieu le plus saint au monde pour le peuple juif, a rectifié le représentant d’Israël.  C’est un fait qui ne peut être contesté: le Roi David avait proclamé Jérusalem capitale du peuple juif, il y a 3 000 ans; la Bible juive mentionne cette ville 600 fois ; et le Premier Ministre, David Ben Gourion, avait déclaré que Jérusalem est « une part inséparable de l’histoire d’Israël, de la foi d’Israël ». En reconnaissant Jérusalem comme capitale d’Israël, les États-Unis ne font que dire la vérité, a estimé le représentant. 

Dans sa résolution, l’Assemblée générale « appelle à nouveau » à inverser les tendances négatives sur le terrain qui mettent en péril la solution des deux États et à intensifier et accélérer les efforts entrepris et l’appui apporté aux niveaux international et régional en vue de parvenir sans tarder à une paix globale, juste et durable au Moyen-Orient, sur la base des résolutions pertinentes des organes de l’ONU, du mandat de la Conférence de Madrid, y compris le principe de l’échange de territoires contre la paix, de l’Initiative de paix arabe et de la Feuille de route du Quatuor, et de mettre fin à l’occupation israélienne qui a commencé en 1967.

Le statut final de Jérusalem ne peut être arrêté qu’après des négociations directes entre les parties et non par une décision unilatérale qui viole le droit international, a argué la majorité des 18 délégations qui ont pris la parole. Le processus de paix, qui relève de la responsabilité de la communauté internationale tout entière, ne saurait se limiter à de bonnes intentions, s’est impatienté le ministre des affaires étrangères de la Palestine. À quel moment cette catastrophe va-t-elle prendre fin ? À quel moment notre peuple vivra-t-il dans la paix et la dignité sur la terre de ses ancêtres, a-t-il demandé ?



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Source : ONU

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